Diocèse de Matadi

Mgr Daniel NLANDU MAYI

Homélie de SE Mgr Daniel NLANDU, Evêque de Matadi, à la messe d'ouverture du VIe Chapitre Général des SSMM à la Cathédrale

Textes

  • 1ère lecture : Gn 3, 1–8  
  • Evangile : Mc 7, 31–37

Mes Chères Sœurs,

Ce jour  marque non seulement le début d’un nouveau départ, car à l’issue de ce Chapitre qui s’ouvre par cette célébration eucharistique, vous aurez des nouvelles responsables qui devront présider aux destinées de votre chère Congrégation, mais aussi ce jour marque la continuité d’une belle aventure commencée avec Marie, dans le cheminement spirituel au service de l’Eglise.

Le thème choisi pour ce sixième Chapitre, à savoir « être une servante comme Marie pour conduire à la lumière le peuple de Dieu », est un appel sinon un rappel à l’engagement pris devant Dieu et devant son peuple à travailler toujours avec la même énergie, le même zèle, pour le bien de toutes et de tous.

En effet, Marie sur qui vous prenez exemple est et restera pour toujours le modèle de la servante par excellence. « Je suis la servante du Seigneur », voilà ces paroles qui devront être vôtres pour ne pas oublier la raison fondamentale de votre engagement. Vous êtes devenues religieuses parce que vous avez accepté, comme Marie, de devenir des servantes.

Le service auquel vous êtes appelées est celui qui consiste à guider les hommes et les femmes de notre temps à découvrir davantage Dieu. En devenant religieuses, Dieu vous a choisies pour être de porteuses d’espoir à travers l’éducation, les différentes formations humaines que vous transmettez à bien d’hommes et de femmes qui viennent trouver  dans vos structures cette sécurité dont ils ont besoin pour continuer à avancer dans leur quête pour le bien-être.

Servir Dieu en servant l’Homme suppose de votre part que vous avez acquis une grande capacité d’oubli de votre propre intérêt. Car, à la déclaration « je suis la servante du Seigneur », Marie, notre Mère, avait ajouté « que tout se fasse pour moi selon ta parole ».

Cette dernière déclaration est d’une importance capitale. Elle est pour vous une invitation à toujours vous laisser guider par la seule et unique volonté divine. C’est Dieu qui, en réalité, vous aidera à rester sur le droit chemin. Soyez donc toujours à l’écoute de sa volonté pour ne pas perdre l’essentiel. Et la volonté de Dieu passe par les différentes responsables que vous vous choisissez.

Ainsi, la volonté divine vient directement vous rappeler à l’esprit la notion de l’obéissance. Celle-ci pose très souvent problème, peut-être à cause de notre amour-propre, de notre orgueil, ou simplement parce que nous nous refusons à elle.

Et la première lecture de ce jour nous plonge justement au cœur de cette notion. La désobéissance, le refus d’écouter la volonté de Dieu a conduit précipitamment  l’homme et la femme au péché, le péché par orgueil.

Servir Dieu comme Marie signifie que vous avez compris et accepté que  vos vies soient inscrites dans un grand projet divin. Dans cette perspective, vos propres aspirations ne doivent en aucun cas constituer un frein à la matérialisation de ce magnifique projet.

C’est pourquoi, l’obéissance est et reste une des qualités importantes dont doit faire preuve toute personne qui accepte avec joie la mission qu’on lui confie.

Pour éviter de reproduire l’erreur de nos premiers parents (Adam et Eve), que votre « me voici » prononcé solennellement le jour de vos vœux ne soit pas des paroles lancées en l’air, par simple besoin de respecter les rituels de la cérémonie,  mais plutôt de véritables paroles d’engagement dans une obéissance sans faille à Dieu à travers vos différentes responsables.

Mes Chères Filles,

Avant de clore cette exhortation, j’aimerais vous parler des choses qui me tiennent à cœur, des choses relatives à votre engagement dans la vie religieuse, vie que vous vous êtes choisie librement, parce que vous avez voulu répondre positivement à l’appel de Dieu. La vie à laquelle vous vous êtes engagées a un degré d’exigences très élevé, et ce à tous les niveaux.

Pour vivre pleinement votre vocation, il vous faut toujours faire attention aux multiples pièges que peut vous tendre la vie ordinaire :

Le premier piège est celui de vous laisser happer par les responsabilités de vos familles respectives.

Ceci est un piège immense dans lequel vous tombez très facilement si vous ne parvenez pas à vivre dans le détachement. Il n’est pas interdit de venir en aide aux siens tant qu’on le peut, mais ceci devient incompatible avec votre engagement lorsque toute votre préoccupation est tournée d’abord au bien-être de vos membres de famille. Cela vous expose à plusieurs abus, parfois à des comportements qui ne reflètent pas votre statut.

Pour éviter de tomber dans ce piège, il est impérieux de toujours rappeler à vos membres de famille qu’en devenant religieuse, vous n’avez pas accédé à un statut supérieur faisant de vous des «porteuses de solution à tout problème ». Vos familles doivent être une aide pour vous afin que vous répondiez avec efficacité à l’appel reçu. 

Le deuxième piège est celui de la déconnexion de la vie communautaire. Cette déconnexion est occasionnée par le besoin de l’isolement ou celui de toujours vouloir être en dehors de sa communauté, être toujours en route pour ses propres affaires ou celles de sa famille. Je vous rappelle que vous êtes faites pour vivre en communauté. Vous êtes une communauté de vie, de partage, d’amour et de pardon.

La communauté s’effrite lorsque les membres qui la constituent se trouvent toujours des raisons pour être en-dehors d’elle. Une religieuse est comme un militaire. Si ce dernier s’épanouit pleinement dans sa caserne, l’autre c’est au sein de sa communauté qu’elle se réalise pleinement.  Etre toujours en dehors de sa communauté est signe révélateur d’un grave malaise qui frappe directement votre vie vocationnelle.

Pour bien vivre en communauté et pour vous éviter de vous retrouver tout le temps hors de vos lieux de vie, il est nécessaire de chercher à bâtir des communautés pleines d’amour, d’entraide, où le pardon trouve sa valeur chrétienne.

Le troisième piège est celui du manque de pardon. En effet, il est douloureux d’apprendre que vos communautés se déchirent simplement à cause d’un pardon non accordé ou partiellement accordé. Rappelez-vous toujours que chacune de vous a ses qualités et ses défauts.

Pour arriver à vous pardonner mutuellement, mes chères filles, vous devez apprendre à minimiser les défauts pour laisser s’exprimer les qualités. Pardonner, c’est accepter d’entamer une nouvelle étape de la vie, accepter de repartir sur de nouvelles bases, c’est oublier la douleur du mal subi ou causé pour réinstaller le sourire, la bonne humeur, la joie. Car l’Evangile que vous êtes appelées à annoncer est un message de joie proclamé dans la joie par des personnes joyeuses. 

Le quatrième piège est celui de la paralysie de la vie spirituelle. Une véritable vie du pardon est nourrie par votre participation toujours active aux différentes activités spirituelles, liturgie des heures et eucharistie. Une religieuse qui s’absente de ces moments de rencontre personnelle avec son Dieu, qui s’arrange à ne pas prendre part au partage de la parole de Dieu, ne comprend pas encore ce qu’elle fait au couvent. Toute votre vie n’est que prière, c’est-à-dire offrande faite à Dieu pour le bien de l’humanité.

Je vous invite à revenir sur vous-mêmes et à prendre de meilleures résolutions à l’aube de cette nouvelle année. L’eucharistie nourrit votre santé spirituelle, car elle est la prière par excellence.  Ne négligez aucune occasion de rencontrer votre Dieu, de lui parler, surtout de l’écouter.

Révérendes sœurs, je vous appelle donc à revoir la manière dont chacune d’entre vous vit et respecte les engagements pris le jour de ses vœux. Méditez régulièrement la Parole de Dieu afin qu’elle vous nourrisse et qu’elle vous accompagne dans votre ministère. C’est là que vous trouverez votre force !

EXHORTATION FINALE

Votre tâche, mes Chères Sœurs,  consiste à vivre conformément à l'identité de votre institut en toutes ses dimensions pour lui permettre de se déployer pleinement dans votre vie et votre apostolat. Votre charisme doit répondre aux appels et besoins de l'Eglise et du monde partout où vous êtes appelés à œuvrer : relever les défis et s'adapter aux mutations profondes.

C’est pourquoi j'exhorte une fois de plus tous les membres de la Congrégation à vivre avec une fidélité créatrice le charisme de l'institut.

Puisse le Seigneur vous aider à poursuivre résolument et solidement votre mission. Qu'il vous donne la force de mettre en pratique ce qui vous a été transmis par votre vénérable Fondateur, afin que le charisme reste vivant et procure ses bienfaits au peuple de Dieu qui vit au diocèse.

Ayez confiance. Le fondateur de l'Institut vous voie et vous aide !

Entre ses mains et celles de la Vierge Marie, votre Patronne, je dépose tous mes meilleurs souhaits de beau témoignage de votre vie religieuse.

Puisse la très Sainte Vierge Marie intercéder toujours pour vous auprès de son Fils Jésus afin que vous soyez toujours, dans l’obéissance, sel de la terre et lumière du monde. Vivez bien votre vocation pour plaire à Dieu qui vous accorde d’être ses servantes!

Sur ce je déclare ouvert votre sixième Chapitre et le confie à la grâce de Dieu.

+Daniel NLANDU MAYI

Homélie

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